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dimanche 17 mai 2020

le Turc mécanique



Le Turc mécanique est un célèbre canular de la fin du 18ème siècle qui a été imaginé par un certain Johann Wolfgang von Kempelen. Il s'agissait d'un prétendu automate capable de jouer aux échecs à un excellent niveau et de battre la plupart des personnes qui l'affrontaient.
En fait, un joueur de petite taille était dissimulé sous l'automate et manipulait le Turc comme l'aurait fait un marionnettiste.
Le Turc mécanique a rencontré et battu des personnes célèbres dont Napoléon Bonaparte, Catherine II de Russie et Benjamin Franklin.
Il me plait d'imaginer que l'expression "fort comme un Turc" pourrait avoir pour origine le fameux et sympathique Turc mécanique de l'imaginatif von Kempelen. En fait, cette origine est plus ancienne et beaucoup moins plaisante.
lien:
document en rapport avec la véritable origine de l'expression fort comme un Turc.

mercredi 8 avril 2020

l'automate

L'Automate ne gagne pas invariablement. Si la machine était une pure machine, il n'en serait pas ainsi ; elle devrait toujours gagner. Étant découvert le principe par lequel une machine peut jouer une partie d'échecs, l'extension du même principe la doit rendre capable de la gagner, et une extension plus grande, de gagner toutes les parties, c'est-à-dire de battre n'importe quel adversaire. Il suffira d'un peu de réflexion pour convaincre chacun qu'il n'est pas plus difficile, en ce qui regarde le principe des opérations nécessaires, de faire une machine gagnant toutes les parties que d'en faire une qui n'en gagne qu'une seule. Si donc nous regardons le Joueur d'échecs comme une machine, nous devons supposer (ce qui est singulièrement improbable) que l'inventeur a mieux aimé la laisser incomplète que la faire parfaite, – supposition qui apparaît encore plus absurde si nous réfléchissons qu'en la laissant incomplète, il fournissait un argument contre la possibilité supposée d'une pure machine ; – c'est justement l'argument dont nous profitons ici.
Quand la situation de la partie est difficile ou complexe, nous ne voyons jamais le Turc secouer la tête ou rouler ses yeux. C'est seulement quand son prochain coup est d'une nature évidente, ou quand la partie se présente de telle façon que pour l'homme placé dans l'Automate il n'y a pas nécessité de réfléchir. Or, ces mouvements particuliers de la tête et des yeux sont des mouvements propres aux personnes plongées dans une méditation, et l'ingénieux baron Kempelen aurait ajusté ces mouvements (si la machine était une pure machine) aux occasions qui leur serviraient de prétexte naturel – c'est-à-dire aux occasions de complexité. Mais c'est l'inverse qui a lieu, et cet inverse s'accorde justement avec notre supposition d'un homme caché dans l'intérieur. Quand il est contraint de méditer son jeu, il n'a pas assez de loisir pour faire jouer la mécanique qui met en branle la tête et les yeux. Mais, quand le coup à jouer est évident, il a le temps de regarder autour de lui, et c'est pourquoi nous voyons alors la tête s'agiter et les yeux rouler.
Edgar Poe, Histoires grotesques et sérieuses, "Le joueur d'échecs de Maelzel", 1865
(traduction de Charles Baudelaire, GF-Flammarion)
source: BNF