Le jeu dit "de Charlemagne" compte parmi les plus anciens échecs occidentaux. Dans son état actuel, il comprend seize pièces : deux rois, deux reines, trois quadriges (tours), quatre cavaliers, quatre éléphants (fous), un fantassin (pion). Taillées dans de lourds blocs d'ivoire, ces pièces sont rehaussées d'or avec des traces de peinture rouge : le rouge était alors opposé au blanc ou à l'or. L'équipement militaire du fantassin et de deux cavaliers – bouclier en amande et casque doté d'un nasal – permet de dater ces pièces des années 1080-1090. De type normand, cet équipement est semblable à celui qui figure sur la tapisserie de Bayeux, datable elle aussi de la fin du XIe siècle. Une étude stylistique approfondie révèle des influences byzantines et musulmanes. Les pièces ont été taillées en Italie méridionale, vraisemblablement dans un atelier de Salerne.
Situé à environ 70 km au sud de Naples, Salerne est au XIe siècle la résidence principale des ducs normands d'Italie. Outre son école de médecine, la ville est réputée pour ses ateliers d'ivoire. Des rapprochements ont ainsi pu être établis entre les pièces de Charlemagne et d'autres pièces sorties de ces mêmes ateliers.
Quel est le commanditaire de ces échecs ? Est-ce le Normand Robert Guiscard (1015-1085), duc de Pouille, de Calabre et de Sicile, homme querelleur et ambitieux qui cherche à se tailler un empire au détriment de Byzance ? Ou bien le pape Grégoire VII venu, sous la menace, consacrer la nouvelle cathédrale de Salerne en avril 1085 ?
Nous ne le saurons sans doute jamais, comme nous ne saurons pas davantage comment ces pièces sont entrées dans le trésor de Saint-Denis. Est-ce l'abbé Suger lui-même, intrigué par ce jeu encore peu connu en Occident, qui s'est procuré ces pièces à Salerne en revenant de pèlerinage ? Ont elles été offertes au roi Philippe Auguste qui, partant en croisade, fit étape à Salerne en septembre 1190, et les aurait ensuite léguées au trésor de Saint-Denis ? Où ont elles été données plus tard, en 1271, par le roi Philippe III, ramenant de Tunis le corps de son père Saint Louis et s'étant arrêté, lui aussi, à Salerne au cours de son dramatique voyage de retour ?
Si leur donateur est inconnu, les échecs "de Charlemagne" étaient tout destinés à prendre place dans le trésor de Saint-Denis. De dimensions inhabituelles – plus de 15 cm de hauteur et près de 1 kg pour les rois –, ces pièces sont trop imposantes pour être manipulées sur un plateau de jeu : ce sont des pièces d'apparat faites pour être thésaurisées et prendre place dans un trésor, royal ou ecclésiastique.
Situé à environ 70 km au sud de Naples, Salerne est au XIe siècle la résidence principale des ducs normands d'Italie. Outre son école de médecine, la ville est réputée pour ses ateliers d'ivoire. Des rapprochements ont ainsi pu être établis entre les pièces de Charlemagne et d'autres pièces sorties de ces mêmes ateliers.
Quel est le commanditaire de ces échecs ? Est-ce le Normand Robert Guiscard (1015-1085), duc de Pouille, de Calabre et de Sicile, homme querelleur et ambitieux qui cherche à se tailler un empire au détriment de Byzance ? Ou bien le pape Grégoire VII venu, sous la menace, consacrer la nouvelle cathédrale de Salerne en avril 1085 ?
Nous ne le saurons sans doute jamais, comme nous ne saurons pas davantage comment ces pièces sont entrées dans le trésor de Saint-Denis. Est-ce l'abbé Suger lui-même, intrigué par ce jeu encore peu connu en Occident, qui s'est procuré ces pièces à Salerne en revenant de pèlerinage ? Ont elles été offertes au roi Philippe Auguste qui, partant en croisade, fit étape à Salerne en septembre 1190, et les aurait ensuite léguées au trésor de Saint-Denis ? Où ont elles été données plus tard, en 1271, par le roi Philippe III, ramenant de Tunis le corps de son père Saint Louis et s'étant arrêté, lui aussi, à Salerne au cours de son dramatique voyage de retour ?
Si leur donateur est inconnu, les échecs "de Charlemagne" étaient tout destinés à prendre place dans le trésor de Saint-Denis. De dimensions inhabituelles – plus de 15 cm de hauteur et près de 1 kg pour les rois –, ces pièces sont trop imposantes pour être manipulées sur un plateau de jeu : ce sont des pièces d'apparat faites pour être thésaurisées et prendre place dans un trésor, royal ou ecclésiastique.
source: la BNF
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